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Francis Ponge: El martirio del día (Le Martyre du Jour)

LE MARTYRE DU JOUR ou «CONTRE L’EVIDENCE PROCHAINE»

Considération, baie des nuits, pure vitre d’une ennuyeuse entrelueur à l’aube embue, le volet bleu fermé d’un coup il fait jour à l’intérieur.

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Aussitôt sur Oscar l’incisif outil du soleil brille. Il divise ses cils. Dès l’œil ouvert, à bas du songe coursier, Oscar est mis debout sur le plan de la mer. Et son corps culbuteur toujours contre l’attrait du sol efforce ses muscles: animaux, d’une vaine chaleur mécanique, vaincus. Terre à terre tout saute et grouille autour de lui. Pour se dépêcher, il faut multiplier les regards et faire attention tout près.

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Dans une anthologie romantique, Julie, la peau dorée, les cuisses aérées sous une robe légère, lisait. Il la bouscule devant un bazar. On y voit des tapis étalés comme des campagnes, et des bronzes dessus comme des rochers. Des coffrets ouvrés ressemblent à des villes. De l’or des genêts, du violet des bruyères une carpette est brochée. « C’est trop, dit Oscar, et pas cher dans le Catalogue moderne.»

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On torréfie du café par là, le toit d’en face est rouge, un jet de vapeur siffle. Oscar est tout à fait accaparé. Réduit, stérilisé, il s’agite sur une chaise de fer. Un éblouissement confond le ciel et la rue. Derrière une grille de lumière, on voit sur les murs bleus des nuages affichés.

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Mais enfin les ombres autour des architectures tournent, tout court se tasser dans le fond pour le drame des perspectives car une majesté puissamment avenue étouffe la lampe tyrannique. Tandis que Julie doit fermer son livre, Oscar, prunelles élargies, les étalages rentrés, voit se rétrécir vite l’intérêt du soleil.

 

 

EL MARTIRIO DEL DÍA O «CONTRA LA PRÓXIMA EVIDENCIA»

Contemplación, ventanal de noches, puro cristal de umbría hastiada en el amanecer absorto, la persiana azul bajada de golpe, es de día dentro de la habitación.

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Enseguida brilla sobre Oscar el incisivo artilugio del sol. Vislumbra sus pestañas. Desde los ojos abiertos hasta abajo, en la abstracción emisaria, Oscar se eleva sobre la superficie del mar. Y con el cuerpo aún volcado contra la atracción del suelo: animales, de banal calor mecánico, vencidos. Todo salta y bulle a su alrededor, de tierra en tierra. Para avanzar, hay que tener mil ojos y estar muy alerta.

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En una antología romántica, Julie leía, con la piel dorada y las piernas aventadas bajo un vestido suelto. Él la urge en un bazar. Hay alfombras desplegadas como campos, con bronces encima como piedras. Los baúles abiertos parecen ciudades. Oro de retama y violeta de brezo se entretejen en una alfombrilla. “Es muy caro” dice Oscar, “los hay más baratos en el Catálogo moderno”.

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Allí se tuesta café, el tejado de enfrente es rojo, exhala un chorro de vapor. Oscar está completamente abrumado. Mermado, esterilizado, traquetea en una silla de hierro. Un resplandor confunde la calle y el cielo. Detrás de una rejilla de luz se ven nubes encaramadas en los muros azules.

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Pero por fin se vuelcan las sombras de las arquitecturas, para hundirse sin más al fondo en un drama de perspectivas, pues una majestad potencialmente avenida consume la lámpara tiránica. Mientras Julie ha de cerrar el libro, Oscar, con las pupilas dilatadas y los puestos recogidos, observa el rápido agotamiento del sol.

De Quatre satires, 1926 (incluido en Le parti pris des choses, 1942).
Versión de A.C.H.